lundi 25 mai 2015

La vérité sur l'affaire Harry Quebert de Joël Dicker

En visite à Genève, une amie chère à mon cœur me conseille vivement de découvrir La vérité sur l'affaire Harry Quebert écrit par un jeune genevois. Lors d'une virée au Cook&Book à Bruxelles, je croise le titre en rayon et il clignote si vous voyez ce que je veux dire... La personne alors à mes côtés me souligne à son tour la qualité du roman. Je résiste toutefois. C'est finalement quelques jours plus tard que l'expression "jamais deux sans trois" s'est une fois de plus mariée à "la troisième, c'est la bonne". Quelle meilleure publicité que le bouche à oreille des lecteurs satisfaits !

Non didjou qu'est-ce qu'il est bien ficelé ! Dés les premières pages, mon attention fut littéralement et irrémédiablement happée. Durant 3 jours, je trépignais à l'idée de retrouver les quelques 800 pages en quête de "la vérité sur l'affaire Harry Quebert". Et pour cause ! Joël Dicker a le don de vous captiver. Par contre, une fois l'ouvrage terminé et mon esprit libéré, j'ai eu l'impression d'avoir été quelque peu bernée par cette construction de récit complexe, riche en rebondissements. Un sentiment semblable à celui éprouvé après avoir perdu de longues heures à enchaîner les épisodes d'une série quelconque pour découvrir "la vérité". Mais quelle vérité pour Harry Quebert? L'amour blesse souvent ou il faut savoir tomber pour devenir "l'invincible" à l'instar de Don Quichote ou "le formidable" comme le protagoniste. La relation de Harry et Nola sonne faux ; quant à celle de Marcus et sa mère, cliché à l'excès ! Sans parler de certains passages répétés à la lettre alors que le roman compte déjà tant de pages. Au final, le récit manque de consistance et de crédibilité. Bref, l'ouvrage commence bien et au fur et à mesure des pages l'espoir de profondeur s'étiole.

Et pourtant, on reste accroché ! Notamment tant l'auteur, rusé comme un singe, se joue de nous. Le choix judicieux du point-de-vue narratif entre Marcus et l'omniscience dynamise quant à lui la lecture. Les découvertes de notre enquêteur en herbe ne manquent pas de créer un tressaillement de joie tant elle sont ingénues.

En somme, les inconvénients relevés ne font pas le poids face au plaisir prodigué par la lecture du roman. Je vous le conseille donc malgré tout.

mercredi 13 mai 2015

Demain j'arrête de Gilles Legardinier

Vive la pharyngite qui vient de m'offrir la rencontre avec ces quelques 400 pages un jour de semaine. Déconnexion assurée ! Sourire, résignation, indifférence, excitation, tendresse, réconfort, tension... Savoureux moment ! Á lire en quête de détente, de légèreté ou de fraîcheur. Si par contre vous cherchez une envolée philosophique, ce n'est pas ici.

Auteur de polar, Gilles Legardinier, a un vrai sens de l'intrigue mais pas que... il est aussi doté d'un sens de l'humour certain ! Cocktail parfait pour passer un excellent moment. Les quelques heures aux côté de Julie, une belle âme un peu gauche, ont défilé si vite que j'ai oublié de m'arrêter pour dîner.

Les personnages brossés sont attachants ; d'autres, exécrables, mais Julie y croit, on récolte toujours ce que l'on sème. Puis, j'adoooooore les "comme disait ma grand-mère" rencontrés ça et là. Ils rappellent l'importance de la transmission et à quel point les êtres vivent à travers les cœurs longtemps après avoir quitté ce monde. J'ai aussi beaucoup apprécié que, lors de dialogue, ce que Julie pense réellement figure entre-guillemet avant la parole qu'elle dit effectivement. Le décalage fait souvent bien rire.

Petite déception néanmoins sur le dénouement trop vite traité de l'histoire entre Julie et Ric, alors que le reste traîne légèrement. Je reste toutefois sur un très bon sentiment.


Les remerciements en fin d'ouvrage débordent de générosité et réchauffent le cœur. On les ressent sincèrement. Un livre sympathique, vraiment !


Extrait:
La soirée a démarré super vite [...] personne n'a eu besoin de boire pour être drôle et se sentir bien. Nous étions entre nous, entre humains faillibles. Quand on fête un anniversaire, une victoire ou un événement heureux, il n'y a jamais cette ambiance-là. Il a toujours la vedette ou le couple, seul, sur son piédestal, et les autres autour qui regardent. On gagnerait peut-être à célébrer nos ratages...Plus de podium, plus de fausse gloire, simplement le bonheur d'être vivants, côte à côte. On a probablement plus de regrets que de fiertés à partager.

jeudi 22 janvier 2015

BORGIA, COMÉDIE CONTEMPORAINE


Ce jeudi 15 janvier à Louvain-la-Neuve, après L’école des ventriloques et Trois veilles, la Cie Point Zéro lève le rideau pour la première de Borgia, comédie contemporaine.
Écrite par Thomas Gunzig, Borgia aborde de manière inédite le thème pourtant sempiternel de la famille. Ce spectacle surprenant s’articule autour d’un récit conté par une grand-mère à sa petite fille, incarnées par des marionnettes aux traits remarquablement expressifs. Tantôt drôle, tantôt émouvante, tantôt angoissante, cette pièce dynamique se distingue par une mise en scène étonnante. En effet, des images fortes ne manquent pas de marquer l’esprit et de créer des émotions à force égale. Entre réalité et surréalisme, Borgia offre un regard singulier, empreint d’une belle poésie sur la famille.
Veillez cependant à réserver vos places dans le parterre, au risque de passer à côté de la mise en scène formidable de Jean-Michel d’Hoop. Il promettait un conte onirique ébouriffant. Pari tenu !
Ne manquez donc pas Borgia, du 15 au 28 janvier au Théâtre Jean Vilar, le 25 février au Centre Culturel de Nivelles et du 5 mars au 4 avril au Théâtre du Parc.
Bon moment garanti !

lundi 29 décembre 2014

" Demain est un autre jour " de Lori Nelson Spielman



J’explore les étalages de la Fnac pour les fêtes, en quête d’un ouvrage qui fasse du bien. Hasardeuse – enfin pas tant que cela : sa note sur Babelio s’élève à plus de 4/5 – j’opte pour Demain est un autre jour de Lori Nelson Spielman. Pour garantir la réussite du cadeau, je décide de le lire. S’il est bon, j’irai en acheter un neuf. En tout cas l’arrière de couverture présage un moment amusant.

À la mort de sa mère, Brett Bohlinger pense qu’ elle va hériter de l’empire de cosmétique familial. 
Mais, à sa grande surprise, elle ne reçoit qu’ un vieux papier jauni et chiffonné : la liste des choses qu’ elle voulait vivre, rédigée lorsqu’ elle avait 14 ans. Pour toucher sa part d héritage, elle aura un an pour réaliser tous les objectifs de cette life list... Mais la Brett d’aujourd’hui n a plus rien à voir avec la jeune fille de l époque, et ses rêves d adultes sont bien différents. 
Enseigner ? Elle n a aucune envie d abandonner son salaire confortable pour batailler avec des enfants rebelles. Un bébé ? Cela fait longtemps qu’ elle y a renoncé, et de toute façon Andrew, son petit ami avocat, n en veut pas. Entamer une vraie relation avec un père trop distant ? Les circonstances ne s y prêtent guère. Tomber amoureuse ? C est déjà fait, grâce à Andrew, à moins que...


Eh bien, ce n’est pas loupé ! Malgré ses 457 pages, je l’ai avalé en deux gorgées : un soir et le matin suivant. Il faut dire que la plume offre une telle fluidité que la lecture est aisée. La crainte de tomber dans un Bridget Jones mièvre se fait certes intensément ressentir ; mais elle s’estompe tant on se laisse entrainer par le parcours initiatique de Brett. Malgré un côté indéniable conte de fée moralisant, le livre n’en reste pas moins attachant et original. Je n’irai toutefois pas jusqu’à clamer sa profondeur. Il ne laisse en effet qu’une douce sensation à l’instar d’un film un peu guimauve et presqu’entièrement prévisible. En fin d’ouvrage, je me suis pourtant sentie transportée. J’ai cru m’installer quelques instants pour me remémorer mes rêves et voir ce qu’il en était advenu. Pas fait. Mais tchoss, on aimerait avoir le courage de tout balancer pour reconstruire en plus beau…

mercredi 24 décembre 2014

" Intimotango " - La compagnie Otango célèbre ses dix ans.



La compagnie Otango, dirigée par Olivier Tilkin, célèbre ses 10 ans d’existence avec leur nouvelle création Intimotango. La première mondiale s'est déroulée au W:Halll ce samedi 20 décembre. 

Dés les premières minutesmon émerveillement surpasse mes attentes. Cette production captivante va bien au-delà de la simple démonstration de tango. Une succession de tableaux éveillent un éventail large d’émotions. Les unes, vives, presque lancinantes; les autres, languissantes. Tant d'intensité est notamment rendue possible grâce à la virtuosité des artistes de la troupe. Crescendo, le cœur du spectateur s'envole au rythme d'un envoûtement musical sans pareil. Son âme virevolte au gré des pas des tangueros. Le tout est sublimé par le mariage de deux voix chaudes et sensuelles : celle du baryton Jose Luis Barreto, considérée comme l'une des plus belle du monde du tango, et celle de Claudia Pannone, chanteuse de Gothan Project entre 2010 et 2012. Quel doux bonheur de voir sa propre humanité s'exaltée, entraînée par ce tango intime et profond.
Avec ces quelques lignes, j'espère rendre justice à cette admirable création. À dire vrai, je suis comblée d’avoir assisté à de tels petits moments d’éternité, pour reprendre les mots qui titrent un article du SoirPuisse cette chronique vous encourager à vous rendre à ce spectacle afin d’être ensorcelés à votre tour.

Intimotango de la compagnie Otango est joué à Bruxelles du 20 décembre au 6 janvier et arrivera à Namur le 10 janvier, pour l’unique date wallonne avant la tournée 2016.

dimanche 30 novembre 2014

"Évolène, de la légende à la réalité " de Andrée Fauchère



De tous temps, la montagne, présence immuable dans sa magnificence et sa majesté, a attiré à elle marcheurs et alpinistes. Entre terre et ciel, elle inspire également les esprits les plus divers face à l’œuvre de la Nature. Au cours des derniers siècles, le nombre d’habitants n’a guère fluctué en Pays d’Evolène. Toujours ils n’ont eu qu’un seul désir : vivre dans ces hauts lieux de paix et de soleil. Avec les moyens de communication d’aujourd’hui, travailler en plaine n’est pas compliqué. Mais, pour le montagnard, y résider n’est pas concevable. Entendre bondir le torrent, respirer l’air cristallin des cimes, se fondre dans la paix de la nuit, se retrouver. Ce sont là joies pures et authentiques qui devraient donner aux jeunes de l’an 2014 l’envie et la volonté de retourner vers la montagne. Durant des années, c’est avec délice que je me suis penchée sur les innombrables récits des Annales valaisannes. Dès que mes occupations m’en laissaient le loisir, j’ai exploré les documents qui dorment dans les tiroirs bien rangés de la Médiathèque Valais. Mon souhait était de partager avec les habitants du Pays d’Evolène ces pépites d’archives, qui m’ont révélé d’où venaient les montagnards, comment et pourquoi ils avaient choisi le naturel et la simplicité d’une existence en altitude.
Pour son trentième ouvrage, Andrée Fauchère tourne son regard vers le passé et nous emmène aux environs de 5 000 ans av. J.-C., à la rencontre des chasseurs-cueilleurs qui parcouraient nos montagnes et séjournaient dans des abris sous-roche, avant qu’ils ne deviennent les premiers agro-pasteurs à s’installer en Pays d’Evolène.
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Évolène, de la légende à la réalité arrive par la poste un jour d’hiver. Remarquable édition. Clichés époustouflants. La présentation du livre séduit, promesse d’une belle rencontre. Je ne tarde donc pas à me glisser sous la couette, parée à explorer cette contrée valaisanne. À mesure que les lignes défilent, mon enthousiasme s’estompe. Tromperie pensé-je. Prise dans le filet d’un agencement flou, je m’empêtre en terre d’Évolène. Les nombreuses évocations d’endroits étrangers ne manquent pas de m’embourber davantage. Une carte aurait sans doute constitué un allié de choix pour retrouver mon chemin dans le Valais. Serait-ce un ouvrage destiné exclusivement à un lectorat local ? Autant dire que j’ai presque envie d’abandonner. Or l’idée qu’une amoureuse du canton puisse lui réserver un si triste sort me paraît inconcevable. Je décide alors de googler Andrée Fauchère. Quel réconfort de rencontrer un personnage digne d’intérêtLa rebelle des montagnes, comme l’a surnommée un journaliste, a connu une vie riche et mouvementée. Fin des années 70, des problèmes de santé l’ont amenée à troquer spéléologie, parachutisme, ski et sommets pour l’écriture. Aujourd’hui, elle est l’auteur de 30 livres dont plusieurs sur la région. Évolène, de la légende à la réalité serait-elle la publication de trop ? Peut-être pas… En effet, une fois le chapitre sur les légendes atteint, le récit devient lumineux à l’instar du Pays d’Evolène. Le voyage commence alors, comme il avait été annoncé par l’auteur en début d’ouvrage : […] Il y a bien longtemps, aux premiers jours de la nouvelle Terre […] . Enfin, je suis prise de plaisir à imaginer l’auteur plongée dans les archives de cette médiathèque du Val d’Hérens.  Je quitte finalement le Valais avec l’envie de découvrir Andrée Fauchère à travers d’autres lectures.

FAUCHÈRE, Andrée. Évolène, de la légende à la réalité. Genève. Éditions Slatkine, 2014. 144p. ISBN 9782832106310

jeudi 6 novembre 2014

" Neige " de Maxence Fermine


1999, 96 pages, Points, ISBN 2020385805.


Note : 6,5/10



Apaisant. Épuré. Onirique.



Lors d'une matinée d'écriture consacrée au Haïku, le roman de Maxence Fermine, Neige, a été évoqué. Calepin à la main et les sens à l'affût, nous nous sommes promenés dans les bois jouxtant l'abbaye d'Hurtebise prêts à consigner nos observations sous la forme de ce petit poème japonais à 17 pieds. Quel apaisement de communier ainsi avec son environnement. Une unité absolue se dégage de tels moments. C'est dans le roman "Lucht" de Bart Koubba que j'avais découvert l'art du Haiku*.  

Lecture de Neige

Confortablement installées sous la couette, ma cadette et moi-même avons parcouru à haute voix, tour à tour, les chapitres de ce conte aérien. La lecture s'est accompagnée d'une sensation dont je ne parvenais pas à distinguer si elle m'ennuyait ou me charmait: le vide. Sans doute parce qu'est mis en scène un mode de vie orientale aux antipodes de la course effrénée, de l'action à tout prix. Récit d'un quotidien contemplatif, épuré, frôlant parfois l'onirisme. Côte à côte, une prose sans prétention & une poésie charmeuse. Aucun précepte absolu de bien-vivre n'est énoncé. L'auteur suggère plus qu'il ne raconte. Tout un art ! Et pourtant, une philosophie bien réelle se dégage de ces pages. Une fois le roman fermé, je me suis entendue prononcé un "mmmouai" suivi d'une sensation d'apaisement. Je me suis endormie une fresque zen en lévitation derrière les paupières. Troublant... 

Rencontre avec Maxence Fermine

Maxence Fermine est né en 1968 à Paris et a travaillé en Afrique pour revenir ensuite s'installer en Haute-Savoie. Neige est son premier roman. Notons que lors de la présentation de son livre, Fermine a pris grand soin de préciser qu'il ne connaissait pas spécialement le Japon ni sa littérature. 


Extraits de Neige


[...] Yuko Akita avait deux passions.
Le haÔku.
Et la neige.
Le haÔku est un genre littéraire japonais. Il s’agit d’un court poème composé de trois vers et de dix-sept syllabes. Pas une de plus.
La neige est un poème. Un poème qui tombe des nuages en flocons blancs et légers. Ce poème vient de la bouche du ciel, de la main de Dieu.
Il porte un nom. Un nom d’une blancheur éclatante.
Neige.  [...] 



Merci Monsieur Marcipont de l'avoir mis au programme du cours de traduction littéraire néerlandais-français à l'Institut Libre Marie-Haps.