mercredi 5 novembre 2014

" Sur l'épaule de la nuit " de David Lelait-Helo


2013, 162 pages, Pocket, ISBN 2266231057.

Note : 7/10
Doux. Amusant. Facile à lire.


Voici donc le deuxième roman de David Lelait. Je me suis empressée de l'acquérir après l'inoubliable saveur de Poussière d'homme.  

Lecture de Sur l'épaule de la nuit


Élevé par ses grands-mères, David pris la plume suite à la mort de l'une d'elle dont il pensait qu'elle cachait un grand secret. Son imagination fit le reste. Ainsi naquit Sur l'épaule de la nuit.

Les premières pages séduisent. Un bambin s'adresse à une senior dont le mutisme le mène à penser qu'il s'agit d'une fée. Le lecteur sourit à l'amusement et la réjouissance que cette méprise fait naître dans l'esprit de la centenaire pourtant récemment claquemurée* dans un corps inerte au suite d'un AVC. Oubliée de la mort, cette dame à la chevelure de neige nous conte une escapade amoureuse dans des temps troublés par la guerre. Un moment furtif qui résonnera pourtant toute son existence dans son cœur. 


Témoignage de vieillesse, de ces gens dont on éprouve bien du mal à imaginer la jeunesse; témoignage des rapports familiaux parfois difficiles; témoignage du droit à une mort digne aussi. 

La mère de la narratrice avait pour habitude de lui conter des fables, ces petites clés de vie, qu'elle nous conte à son tour. Plus tard, Lelait écrira d'ailleurs Si le bonheur m'étais conté (2011) et Si l'amour m'était conté (2013). Je me réjouis de les lire au vue de celles parsemées dans ce récit. Mmmmh, la tradition orale. Quelle merveille ! Bien dommage qu'elle se perde. Je remercie dés lors chaleureusement l'auteur pour m'y avoir plongée dans ce joli bouquin. 


J'ai abordé ce roman avec sans doute un peu trop d'attentes. Raté... Il n'a pas eu sur moi l'effet inoubliable du premier ouvrage de l'auteur. Poussière d'homme, roman biographique, me fit tressaillir l'âme car il relate la disparition d'un être aimé, arraché par la maladie, celle-même qui n'arrive qu'aux autres. Ici, même si l'écriture de Lelait garde une douce mélodie sur un thème fort, le récit ne m'a pas tant prise aux tripes. Néanmoins, je n'ai aucune critique négative à l'égard de Sur l'épaule de la nuit


Verdict de ce second rendez-vous : j'aime le style simple et mélodieux de David Lelait. Au vue des nuances présentes dans ses romans, il semblerait qu'il soit doté d'une rare sagacité. Son regard pénétrant facilite non seulement la projection dans ses récits, mais invite aussi à plus de conscience de soi et de l'autre.

Rencontre avec David Lelait - Helo


Dans les deux vidéos dont le lien est ci-contre, l'auteur s'explique sur l'origine de ce roman : David-Lelait-Helo-en-interview-web-video. Retrouvez aussi David Lelait sur son blog: http://david-lelait-helo.blogspot.fr/


Extraits de Poussière d'homme


[...] La photographie est une chose faramineuse, la trace magique d'un instant en apesanteur. Avant elle, comment les hommes se persuadaient-ils de n'avoir pas rêvé leur passé ou les contours des visages aimés que la mort avait emportés depuis? Comment se rappelaient-ils leur propre jeunesse tandis que rien ne leur en renverrait plus le moindre reflet ? [...] 

[...] Nos amours et souvenirs ensevelis laissent sur la peau des frissons, comme les ricochets tracent des ronds sur la rivière. Nos vies sont des cercles qui roulent, tourbillonnent, dessinent des boucles.
Et un jour, enfin, après que nous avons eu le tournis, la boucle est bouclée.. [...]


* Claquemurer : il s'agit d'un terme rencontré dans les deux romans de Lelot que j'ai lus. Il m'interpelle car je ne l'ai jamais vu ailleurs que chez Lelot. Lelot aurait-il connu si fermement cette sensation d'oppression que le terme fait désormais partie de son langage familier ?