vendredi 27 décembre 2013

" Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates " de Mary Ann Shaffer & Annie Barrows

10/18 Domaine Etranger, N°4405, traduit par Aline Azoulay-Paycon. Paru le 6 janvier 2011. Titre original: The Guernsey Literary and Potato Peel Pie Society.



Léger, savoureux, doux.



Rencontre avec Le Cercle

J’étais d’humeur maussade et ne voulais guère m’y attarder. Crochet chez Filigrane. En quête de conseils avisés, j’alpague une jeune mangeuse de livres. « Un livre léger, une ambiance douce » lui demandai-je. Elle me présenta deux ouvrages. Malgré l’épaisseur de l’un d’eux (près de 400 pages), je ne pouvais pas résister à un titre aussi accrocheur que celui-là : « Le Cercle Littéraire des amateurs d’épluchures de patates ». Qu’y avait-il là derrière ? Encouragée par les premiers rayons de soleil de l’année, je me suis installée sur la terrasse cet ouvrage à la main et à sa portée, une menthe à l’eau. Lire sans rien savoir ni de l’auteur ni du livre réserve souvent une expérience inédite.



Lecture

Savoureuse légèreté ! Je me suis délectée de ce roman attendrissant en deux après-midis à peine. Il répondait précisément à mon besoin de douceur de vie. Riche en émotions diverses: j’ai souri, versé une larme, me suis attendrie mais jamais je ne me suis ennuyée. 

Ce roman épistolaire teinté d’humour tendre nous ouvre la porte à l’intimité de ces personnages attachants. Rapidement, j’ai éprouvé l’envie de me joindre à leur cercle. 

Bien que la fin soit sans surprise, j’ai refermé ce joli livre triste de quitter Guernesey et son Cercle littéraire des amateurs d'éplucheurs de patates

Il y eût un avant et un après puisque deux éléments ont changé dans ma vie depuis. Une escale à l'île Anglo-Normande de Guernesey est dés à présent inscrite sur ma « bucket list ». Ce petit bout d’Angleterre me semble désormais empreint d’une poésie authentique à éprouver. Aussi me suis-je remise à l'échange épistolaire auquel je m’adonnais avec tant de verve à l'adolescence. Quel plaisir retrouvé ! Un sourire illumine mon visage lorsque j’envoie la lettre et un autre y rayonne lorsque je découvre la réponse.

Je remercie donc sincèrement les auteurs de cet ouvrage. J'ignore quelles étaient leurs intentions en l'écrivant; par contre, pour ce qui sont des miennes, elles ont été bel et bien comblées. À lire, à offrir. Bon moment garanti !


Extraits

[...] J'ai tiré une table près de la plus grande fenêtre du salon pour écrire. Le seul problème, c'est que je suis sans cesse tentée d'aller me promener au bord de la falaise. Le mer et les nuages sont en perpétuelle métamorphose, j'ai peur de manquer quelque chose en restant à l'intérieur. Quand je me suis levée ce matin, la mer semblait pleine de piécettes d'or. Et maintenant, on la croirait recouverte de dépôts de citron. Les écrivains ont intérêt à vivre au coeur des terres ou près d'une décharge publique, s'ils veulent réussir à travailler un peu. Ou à se montrer plus persévérants que moi. [...]


[...] Quand mon fils Ian est mort aux côtés de son père, à El-Alamein, les gens qui me présentaient leurs condoléances ajoutaient souvent : "La vie continue", pour me réconforter. Quelle bêtise me disais-je. Bien sûr que non elle ne continue pas. C'est la mort qui continue. Ian est mort et il sera encore mort demain, l'année prochaine, à jamais. La mort est sans fin. Mais peut-être y aura-t-il une fin à la tristesse. [...]


[...] Miss Tilley s'est montrée si incroyablement grossière envers Kendrick qu'il a tenté de l'assommer avec son téléphone. Je ne peux pas le blâmer, seulement les téléphones ne sont pas faciles à trouver, nous ne pouvons pas nous permettre d'en perdre un. [...] 



Liens intéressants


Pour en savoir plus sur les effets du livre sur l'île elle-même, je vous conseille la lecture de cet article: Reportage à Guernesey, sur les lieux du Cercle littéraire des épluchures de patates.